Cristal Union déshydrate ses pulpes sans consommer plus d’énergie
La coopérative sucrière Cristal Union vient d’investir sur son site de Sainte-Emilie à Villers-Faucon dans la Somme, dans un nouveau système de déshydratation des pulpes de betteraves. Intégré à la sucrerie, ce dispositif permet de sécher les pulpes sans consommer d’énergie supplémentaire.
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Fini le panache de vapeur d’eau blanche au-dessus de la sucrerie de Sainte-Emilie. Cristal Union va démarrer en septembre 2023, sur le site de son usine à Villers-Faucon dans la Somme, une unité de déshydratation de pulpes, complètement innovante. « Le dispositif de séchage retenu va permettre à la sucrerie de déshydrater ses pulpes sans consommer plus de gaz grâce à une optimisation des flux de vapeur », explique Thierry Cousson, son directeur lors de la présentation du dispositif à la presse le 23 juin 2023. « La vapeur produite par la chaufferie de la sucrerie, et qui va servir au séchage des pulpes surpressées, sera récupérée à l’issue du séchage, alors qu’elle était auparavant perdue dans l’atmosphère. Elle va ensuite être réutilisée dans le processus de fabrication du sucre. »
Économie d’énergie et d’eau
Jusqu’à présent, les pulpes issues des betteraves du site de Sainte-Emilie étaient traitées à quelques kilomètres de la sucrerie, à Épénancourt, une unité qui fonctionnait au charbon. « Cet investissement de 25 millions € (M€) financé avec une aide de l’Ademe de 7 M€, va permettre de sécher 75 tonnes à l'heure de pulpes tout en économisant 20 000 tonnes de charbon par an, c’est-à-dire 40 000 tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère en moins par an, précise le directeur du site. C’est l’équivalent de 20 000 allers-retours Paris-New York. »
Ce n’est pas tout, ce nouvel équipement va également permettre à Cristal Union de récupérer 130 000 m³ d’eau supplémentaires qui seront mis à la disposition des agriculteurs à proximité de l’usine pour l’irrigation, en complément des 600 000 m³ d’eau des betteraves déjà récupérés chaque année par la sucrerie.
Prochaine étape, le brûlage des pulpes
La sucrerie de Sainte-Emilie est déjà autonome en électricité, grâce à un turbo-alternateur qui tourne en détendant de 60 bars à 3 bars, le gaz qui lui sert d’énergie. Cristal Union voudrait réduire d’ici à 2030, de 35 % son empreinte en carbone, par rapport à 2015.
Au-delà de l’investissement qu’il vient de réaliser dans son usine de la Somme, il réfléchit à d’autres sources d’économie d’énergie. « Grâce à la méthanisation du carbone biogénique contenu dans l’eau de notre station d’épuration, nous devrions réduire de 7 % notre consommation de gaz, explique Pascal Hamon, directeur industriel du groupe sucrier. Nous pouvons également extraire le carbone des vinasses avant de les rétrocéder comme fertilisant sous forme de compost aux agriculteurs ». Au-delà, le groupe coopératif étudie la possibilité de brûler les pulpes déshydratées dans une chaudière pour faire tourner ses sucreries. « En utilisant 55 % des pulpes que nous produisons et en en gardant 45 % pour les éleveurs, la sucrerie pourrait être autonome en énergie, indique-t-il. La méthanisation est moins efficace sur un plan purement énergétique, il faudrait utiliser 100 % des pulpes. En revanche, elle fournit un coproduit le digestat, intéressant pour les agriculteurs. »
« Le point faible du sucre de betterave par rapport au sucre de canne est de consommer de l’énergie, conclut Jérôme Fourdinier, président du conseil de section de Sainte-Emilie. Avec le brûlage de la bagasse, les usines de canne sont autonomes en énergie. Si ce projet arrive à son terme, nous serions nous aussi autonomes en énergie. »
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